Une trajectoire inédite
Né à Kampala (Ouganda) le 18 octobre 1991, Zohran Mamdani arrive à New York à l’âge de 7 ans, issu d’un père académique, Mahmood Mamdani, et d’une mère réalisatrice, Mira Nair. Il est diplômé de la Bronx High School of Science, puis obtient un bachelor en Africana Studies à Bowdoin College.
En 2021, il devient membre de l’Assemblée de l’État de New York pour le district 36 (Queens).
Pourquoi sa candidature est historique
En juin 2025, Zohran Mamdani remporte la primaire démocrate de New York pour la mairie, devançant notamment l’ancien gouverneur Andrew Cuomo qui suite à ses déboires avec la justice n’a pas su convaincre les démocrates américains. S’il l’emporte à l’automne, il deviendra le premier maire musulman, et d’origine indienne/sud-asiatique, de la plus grande ville américaine.
Cette montée est riche de sens : un jeune homme issu de la diaspora, d’un parcours traversant plusieurs continents, se hisse jusqu’à aspirer à gouverner l’un des bastions du pouvoir urbain américain.
Un programme au service du quotidien
Le message de Mamdani est clair : agir sur l’accessibilité, le coût de la vie, la dignité. Parmi ses propositions phares :
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Bus municipaux gratuits (« fare-free buses ») pour alléger les trajets quotidiens.
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Gel des loyers pour les logements stabilisés, construction massive de logements abordables.
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Création d’épiceries municipales (city-owned grocery stores) pour faire baisser le coût de l’alimentation.
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Augmentation du salaire minimum : objectif 30 $ de l’heure d’ici 2030.
Son approche : faire simple, parler des réalités « ce que vous lisez, vous le vivez » comme il le dit lui-même.
Une dimension diaspora et musulmane
L’identité de Mamdani, musulman, issu de la diaspora africaine et sud-asiatique en fait un symbole tout autant qu’un acteur. Il ne réduit cependant pas son discours à l’identité : il mise sur des politiques de masse, populaires, transversales. Cette dimension est importante pour la diaspora en France : elle montre que l’influence ne passe pas seulement par la visibilité mais par l’engagement concret, l’ancrage social, la problématisation du quotidien.
Pourquoi cela doit intéresser la France
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Une nouvelle forme d’engagement citoyen : Mamdani prouve que l’on peut porter un projet politique sans renier ses racines, tout en adressant des enjeux généraux (logement, transport, vie quotidienne) plutôt que strictement communautaires.
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Un modèle pour les diasporas : En France, les organisations et voix issues des diasporas peuvent s’inspirer de cette trajectoire : construire des projets à la fois inclusifs et exigeants, faire coalition, mobiliser une jeunesse souvent laissée de côté.
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Un signe d’évolution démocratique : Le fait qu’aux États-Unis, un musulman puisse postuler sérieusement à la mairie de New York marque un progrès dans la représentativité. Cela invite à repenser les barrières ici : sociales, politiques, symboliques.
Les défis qui l’attendent
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Gouverner une ville de plus de 8 millions d’habitants : les promesses sont fortes, la complexité du système new-yorkais immense.
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Concilier radicalité et pragmatisme : son label « socialiste démocratique » lui vaut critiques et méfiance dans les milieux d’affaires.
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Gérer des questions sensibles : ses positions sur Israël/Palestine ou sur certaines réformes ont suscité des réactions.
En conclusion : un symbole, un projet, une leçon
Zohran Mamdani ne se réduit pas à « candidat musulman ». Il incarne une génération politique qui veut reconquérir le réel et le faire avec les couleurs de sa communauté, sans que celles-ci ne deviennent un boulet. Pour la diaspora en France, le message est fort : l’improbable devient possible quand on conjugue l’ambition collective, l’engagement concret et la fierté d’appartenance.
🔸 Oui, l’élection de Zohran Mamdani serait un événement mais l’événement n’est rien sans le projet derrière.
🔸 Oui, la diaspora musulmane peut s’inspirer mais l’inspiration ne vaut que par la traduction locale : au sein des quartiers, des associations, des collectifs.
🔸 Oui, on peut sortir du « on ne peut pas » et parler d’un « on peut » qui transforme.
Pour le Yemma Club, c’est l’occasion de raconter non seulement un fait politique, mais un moment de bascule : celui où la diversité cesse d’être une « problématique », devient un moteur. Celui où le message politique retrouve son sens premier : changer le quotidien.

