Les constellations qui veillent : l’Afrique face au ciel bas
On dit souvent que le futur viendra d’en haut. Mais en Afrique, il pourrait bien venir d’encore plus près : à quelques centaines de kilomètres au‑dessus du sol, là où les satellites en orbite basse – les LEO – tracent leurs cercles silencieux. Longtemps perçue comme une technologie lointaine, coûteuse, hors de portée, l’industrie spatiale devient aujourd’hui un levier stratégique. Pas un rêve. Une nécessité.
MARCHÉ POTENTIEL : Les satellites LEO en Afrique ouvrent un marché estimé à 55 milliards de dollars d’ici 2030. C’est la traduction d’un manque : celui de centaines de millions de personnes encore exclues du numérique.
L’Afrique, un terrain immense, un besoin immense
Le potentiel africain n’est pas que démographique : il est géographique. Des villages isolés du Sahel aux forêts du bassin du Congo, trop de lieux restent sans réseau fiable. Les satellites LEO peuvent contourner ce problème sans attendre des décennies d’infrastructures au sol. Pour les gouvernements, c’est un moyen de rattraper un retard numérique sans creuser le fossé entre territoires.
Une course mondiale qui ne laisse personne attendre
À l’échelle globale, des géants comme Starlink, OneWeb ou encore les nouveaux acteurs asiatiques se livrent une compétition féroce. Leur promesse : offrir de la connectivité partout, tout le temps. En Afrique, ces services arrivent vite, parfois plus vite que les régulations censées les encadrer.
Ce qui inquiète certains États, c’est la dépendance potentielle à des acteurs étrangers. Ce qui intéresse d’autres, c’est la rapidité du service et le potentiel économique. Entre prudence et appétit, le continent avance, mais cherche encore son équilibre.
Un levier stratégique, pas un gadget technologique
Les satellites LEO ne concernent pas que la connectivité individuelle ; ils touchent à des secteurs névralgiques de la vie quotidienne et de la dignité, agissant comme une infrastructure essentielle :
- Sécurité et surveillance des frontières.
- Agriculture avec le suivi des sols, des cultures, des saisons.
- Gestion des catastrophes – inondations, sécheresses, feux.
- Transport maritime et aérien.
- Éducation et santé dans les zones reculées.
Une industrie à construire, pas seulement à consommer
Plusieurs pays africains l’ont compris : pour peser, il faut produire. Le Rwanda, le Nigeria, l’Afrique du Sud ont déjà lancé leurs propres satellites. Le Maroc investit massivement dans l’observation terrestre. D’autres envisagent des partenariats pour assembler des composants localement.
Le défi est immense : former des ingénieurs, financer des programmes nationaux, attirer les talents, créer des agences spatiales efficaces. Mais c’est le prix d’une véritable souveraineté numérique pour le continent.

