Madame la Présidente : quand les boucles reprennent le pouvoir

Madame la Présidente : quand les boucles reprennent le pouvoir
Ce texte raconte moins une marque qu’un mouvement discret : celui de femmes qui, en domptant la chute et en apprivoisant la boucle, récupèrent une part d’elles-mêmes. Au centre, une fondatrice : Meriem Khali‑Malone. Autour, une communauté qui se reconnaît enfin dans le miroir.

I. L’origine : une mèche de courage

C’est souvent par les cheveux que commence l’histoire. Un matin, devant le miroir, quelque chose s’arrête. Une mèche tombée. Un front qui se découvre un peu trop. Une sensation de perte.

Pour Meriem Khali‑Malone, tout est parti de là — d’un vide qui s’élargissait sur son crâne et d’une question qu’aucun flacon ne semblait résoudre : comment retrouver confiance quand le reflet se délite ?

À dix‑huit ans, le diagnostic tombe : alopécie génétique. Une maladie silencieuse, souvent minimisée, qui abîme plus que les racines : elle attaque l’estime. À l’époque, Meriem travaille dans l’art. Mais c’est le corps, pas la toile, qui devient son premier terrain de recherche.

Pendant des années, elle essaie tout — huiles, compléments, promesses trop brillantes. Rien ne dure. Puis, à New York, elle tombe sur un produit simple, pensé pour les boucles. Une promesse sans artifices.

Elle rentre à Paris avec une idée tenace : si les marques d’ici ne parlent pas à ses boucles, à sa texture, à sa fragilité, alors il faut créer une voix qui le fasse. Ainsi, en 2017, naît Madame la Présidente. Un nom comme une revanche : reprendre la présidence de sa tête, de son image, de sa vie.

 

II. Le geste : une marque née d’un miroir

Au départ, il n’y a pas de business plan spectaculaire ni de storytelling calibré. Juste une intuition : les femmes aux cheveux texturés ne sont pas un « segment », ce sont des mondes.

Les cheveux bouclés, frisés, crépus ont une mémoire. Ils racontent des origines, des résistances, des lignées. Ils portent l’histoire coloniale, les normes raciales, la pression du « lisse ». Longtemps, dans les écoles, les salons et les entreprises, ils ont été jugés « indisciplinés ». Fonder une marque qui les célèbre, c’est prendre position.

Madame la Présidente ne promet pas la perfection. Elle promet la réconciliation : apaiser la chute, nourrir la boucle, réapprendre la lenteur du soin.

Sur le site, tout commence par un diagnostic capillaire. On y entre comme dans une conversation : « Vos cheveux sont‑ils bouclés, frisés, crépus ? » « Souffrez‑vous de chute ? » « Quelle est votre texture ? » Ce n’est pas du marketing : c’est une façon de dire on vous voit.

 

III. Le territoire : de la Seine‑Saint‑Denis à l’international

Meriem vient de Seine‑Saint‑Denis, territoire souvent caricaturé, mais bouillonnant. Là, elle a appris la débrouille, la dignité, la solidarité — trois choses qu’on retrouve dans l’ADN de la marque.

Les débuts se font au salon, littéralement : étiquettes imprimées à la maison, colis préparés entre deux biberons. Le bouche‑à‑oreille prend, viennent les distributeurs, puis l’équipe — une quinzaine de personnes. La marque s’installe dans des centaines de points de vente, déplaçant les gammes « boucles » du rayon discret au rayon principal. Petite révolution silencieuse.

 

IV. Le nom : politique du cheveu

« Madame la Présidente » : un titre emprunté au politique et ramené dans la salle de bain. Nommer une marque ainsi, c’est rappeler que chaque geste de beauté peut être un acte politique : reprendre soin de soi après avoir été jugée, rejetée, lissée.

Être présidente, c’est décider : se lever, s’aimer, ne plus cacher ses boucles. Ce nom est une adresse aux femmes qui concilient tout : travail, maternité, pression sociale.
 

V. Les produits : soin et savoir

Si la marque séduit, ce n’est pas seulement pour son discours. Les formules, conçues avec des laboratoires français, sont testées, ajustées, améliorées. On y trouve la Résolution n°1 (complément fortifiant), la Résolution n°5 (shampooing anti‑chute), et des routines adaptées à chaque texture.

Au‑delà de l’efficacité, la marque pratique une pédagogie patiente. Chaque produit vient avec un mode d’emploi clair : comprendre la nature du cheveu, son besoin de temps, d’eau, de douceur. Plus qu’une gamme, une philosophie : le respect.

 

VI. Le récit collectif : boucles, racines, héritages

Cela dépasse la cosmétique. C’est un changement de regard. Pendant des décennies, les cheveux texturés ont été invisibles dans les publicités, les magazines, les écoles. En remettant les boucles au centre, la marque ouvre une brèche : « nos cheveux ne sont pas un problème à résoudre, mais une histoire à honorer ».

De ce point de vue, Madame la Présidente agit comme un média : elle diffuse une autre manière de se voir, de se dire, de se coiffer — une esthétique de l’authentique, du vivant, du texturé.

 

VII. La présidence au féminin : charge, ambition, équilibre

Dans ses prises de parole, Meriem évoque la « double vie » des entrepreneures : créer, diriger, gérer, tout en tenant la maison et le cœur. Elle ne romantise rien : la fatigue, la peur, les doutes. Mais aussi la force qui se construit dans la durée.

Cette sincérité fait partie du succès de la marque : derrière l’étiquette, on sent la personne, non l’égérie figée. C’est là que se loge la crédibilité : on croit à une marque quand on croit à son souffle.

 

VIII. Le présent : entre marché et mission

Aujourd’hui, la marque a grandi. L’équipe se structure, les produits se diversifient. Un tournant s’annonce : comment croître sans se trahir ? Comment rester fidèle à une vision née dans une chambre quand les chiffres s’invitent à la table ?

La réponse passe par le contenu, la pédagogie, l’entourage : experts, coiffeurs, ambassadrices, formats vivants (podcasts, lives, masterclasses). Parler de cheveux, oui, mais surtout de dignité.

 

IX. Ce que dit la marque de notre époque

Hier, on vantait le lisse. Aujourd’hui, la texture. Ce glissement raconte la fin d’un modèle unique de beauté et la montée d’une pluralité assumée. Au‑delà des slogans d’inclusion, Madame la Présidente incarne un travail lent et cohérent, où « naturel » est une éthique, pas un argument.

La marque rappelle que la beauté peut être politique, que l’entrepreneuriat peut être une résistance, et que la réussite, parfois, commence par une mèche tombée.

 

X. Conclusion : la tête haute

Les cheveux sont ce qu’on voit en premier. Derrière eux, un monde. Quand une femme crée une marque comme Madame la Présidente, elle ne fabrique pas seulement des soins : elle fabrique un miroir. Un miroir où des milliers de femmes se reconnaissent sans s’excuser.

Dans un paysage saturé de discours lisses, ce projet tient tête au bruit : patience, vérité du corps, beauté qui ne demande pas la permission. Madame la Présidente, c’est une marque. Et c’est une manière de marcher : tête haute, boucles libres, présidente de soi.

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