Hommage à Zyed Benna et Bouna Traoré : 20 ans après, la mémoire et la colère.

Introduction

Le 27 octobre 2005, deux adolescents, Zyed Benna (17 ans) et Bouna Traoré (15 ans), perdaient la vie à Clichy-sous-Bois après avoir été électrocutés dans un transformateur EDF.
Vingt ans plus tard, leurs prénoms résonnent encore comme le symbole d’un drame évitable  un drame qui a révélé les fractures profondes entre la jeunesse des quartiers populaires et les forces de l’ordre.

Leur mort n’a pas seulement bouleversé une ville. Elle a déclenché trois semaines d’émeutes dans toute la France, marquant à jamais l’histoire sociale du pays.


Les faits

Ce soir-là, en rentrant chez eux après une partie de football, Zyed, Bouna et leur ami Muhittin croisent une patrouille de police. Pensant être poursuivis, ils prennent la fuite et se réfugient dans un transformateur électrique.
Quelques minutes plus tard, une décharge de 20 000 volts met fin à la vie de Zyed et Bouna. Muhittin, grièvement brûlé, survit.

Ce qui aurait pu être un simple contrôle s’est transformé en tragédie nationale.


Une tragédie révélatrice

La mort de Zyed et Bouna n’est pas un fait divers.
Elle incarne le fossé entre une partie de la jeunesse des quartiers et les institutions censées la protéger.
Derrière ce drame, beaucoup ont vu le reflet d’une réalité plus large : les contrôles au faciès, la stigmatisation des banlieues, le rapport de méfiance entre police et habitants, et le sentiment d’injustice qui en découle.

Leur disparition a agi comme un détonateur.
C’est toute une génération qui a crié sa colère, son épuisement face à des décennies de promesses non tenues, de discriminations, et d’un quotidien marqué par une présence policière souvent perçue comme hostile plutôt que protectrice.


Violences policières : une blessure toujours ouverte

Vingt ans plus tard, les mêmes questions demeurent.
Les noms changent, mais les visages se succèdent : Adama Traoré, Nahel Merzouk, Amine Bentounsi, Lamine Dieng…
Tous morts dans des circonstances impliquant les forces de l’ordre.

Le parallèle avec Zyed et Bouna est évident : des jeunes issus des quartiers populaires, souvent racisés, victimes d’un système policier qui inspire davantage la peur que la confiance.
Les hommages se répètent, les marches se succèdent, mais le sentiment d’impunité reste intact.


Mémoire et responsabilité collective

Rendre hommage à Zyed et Bouna, c’est refuser l’oubli.
C’est se souvenir que deux adolescents sont morts pour avoir eu peur d’un contrôle.
C’est rappeler que derrière les statistiques et les discours politiques, il y a des vies, des familles, des rêves interrompus.

Mais c’est aussi un appel à la responsabilité : celle de repenser le rôle de la police, d’encourager la formation à la déontologie, et de restaurer la confiance dans les territoires oubliés.


Que reste-t-il aujourd’hui ?

Deux prénoms gravés dans la mémoire collective.
Des familles encore meurtries.
Et une jeunesse qui, vingt ans plus tard, continue de réclamer justice, égalité et respect.

La mort de Zyed et Bouna n’a pas seulement marqué 2005.
Elle continue de hanter la France d’aujourd’hui, chaque fois qu’un nouveau drame surgit, chaque fois qu’une bavure fait la une, chaque fois que la colère éclate.

Parce qu’au fond, tant que la peur remplacera le dialogue entre la police et les citoyens, tant que le déni primera sur la reconnaissance, leur histoire continuera de se répéter.

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