Quand le Cacao Réinvente ses Racines — Regards sur une Filière en Transition en Afrique de l’Ouest
À Abidjan, les 2 et 3 décembre 2025, la fin du projet **Cocoa4Future** marque un tournant pour la cacaoculture en Afrique de l’Ouest. Pendant cinq ans, cette initiative a cherché à transformer la filière, non pas en misant sur l’extraction, mais sur un lien vivant et durable entre la terre, l’homme et l’avenir.
La Blessure de la Monoculture et l’Épreuve du CSSV
La filière cacao est vitale. En Côte d’Ivoire, elle pèse 30% du PIB. Pourtant, les défis sont écrasants : dérèglement climatique, **déforestation galopante**, et surtout, le redouté virus CSSV (Cacao Swollen Shoot Virus). Ce fléau, qui réduit les récoltes de 30 à 40%, est le symptôme d’une terre fragilisée par des décennies de monoculture intensive.
CHIFFRE CLÉ : En cinq ans, le projet Cocoa4Future a converti plus de **5 000 hectares** de monoculture à l’agroforesterie en Côte d’Ivoire et au Ghana.
L’Agroforesterie : L’Espoir Ancré au Ras des Arbres
Cocoa4Future a proposé une autre voie : l’agroforesterie. Il ne s’agit plus de faire du cacao un simple « colis d’exportation », mais de le réintégrer dans un écosystème. Cultiver le cacaoyer à l’ombre d’autres arbres (bananiers, arbres fruitiers, arbres forestiers), c’est recréer de la biodiversité, préserver les sols de l’érosion, et offrir aux paysans des revenus diversifiés. Un filet de sécurité essentiel face à la volatilité des cours mondiaux et aux secousses du climat.
La Technologie au Service de la Transparence
Parallèlement, l’innovation technologique s’invite dans les plantations. Les outils numériques— applications mobiles pour diagnostiquer les maladies, drones pour surveiller l’état des cultures — convertissent la cacaoculture en agriculture de précision.
Ces technologies, associées à la demande européenne croissante pour la traçabilité (et la lutte contre la déforestation), offrent une responsabilisation nouvelle. Elles rendent possible la diffusion d’un « bon » cacao, respectueux de l’environnement et du producteur.
Pourquoi ce Tournant n’est Pas Qu’une Affaire de Chocolat
Le cas Cocoa4Future illustre une tentative de réinvention profonde. Dans des pays où le cacao est un levier vital de survie pour des millions de familles, ce virage est un pari d’équité : il donne aux producteurs marginalisés un pouvoir de décision et une meilleure sécurité économique.
OBJECTIF : L’agroforesterie permet une séquestration carbone jusqu’à **35 tonnes de CO₂ par hectare**, offrant ainsi un rôle actif à ces filières dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Mais pour que ce modèle devienne la norme, il faudra que les politiques publiques suivent, que le secteur privé s’engage massivement, et que les consommateurs responsables soutiennent activement ces petits paysans.

