Nabil Bekhti x Tonton Karim, ça se passe sur le podcast : Enlève ta casquette.

Nabil Bekhti : “Un modèle enferme, une source d’inspiration libère.”

Dans son passage au podcast Enlève ta casquette de Tonton Karim, Nabil Bekhti livre un témoignage lucide, presque poétique, sur ce que signifie grandir, réussir et exister quand on vient d’un milieu populaire ou issu de la diaspora.
Un échange sincère, sans fard, où il questionne les illusions d’égalité et les mythes de la réussite à la française.

Tu ne quittes jamais vraiment ta classe de départ

Cette phrase résonne comme un fil rouge de son discours.
Parce qu’au-delà de l’ascension sociale apparente, les marqueurs d’origine continuent de peser : dans la manière dont on est perçu, écouté, légitimé.
La quête d’identité devient alors un travail permanent, un équilibre entre ce que l’on est, ce qu’on attend de nous, et ce qu’on veut devenir.

Nabil rappelle que la société projette encore sur les enfants d’immigrés des images façonnées par des biais et des préjugés tenaces.
Mais il refuse de tomber dans la posture victimaire : comprendre ces mécanismes, c’est déjà commencer à les déconstruire.


Le mirage de la méritocratie

La méritocratie ? Une illusion. L’égalité des chances ? Un mythe.
Derrière ces mots, une vérité que beaucoup ressentent sans toujours oser la dire.
Réussir dans un système où les dés sont pipés n’est pas un miracle individuel, mais souvent le fruit d’un effort collectif, d’une chaîne de solidarités invisibles.

Pour Nabil, il faut rompre avec la glorification du “self-made man”.

“Non, on ne se fait pas tout seul.”
Chaque parcours est porté par un mouvement plus large, par une génération qui pousse, par une communauté qui croit, par un entourage qui soutient.


De “rôle modèle” à “rôle d’inspiration”

Il rejette l’étiquette de “rôle modèle”, qu’il juge enfermant.
Parce qu’un modèle crée une norme, une attente, parfois une pression.
Alors qu’une source d’inspiration ouvre des possibles, libère, encourage à tracer sa propre voie — imparfaite, authentique, singulière.

Cette nuance est essentielle : il ne s’agit pas de devenir un symbole, mais de continuer à exister pleinement, avec ses failles et ses contradictions.


Revendiquer le droit à l’imperfection

Dans ce monde où tout semble devoir être prouvé, performé, validé, Nabil Bekhti rappelle un droit fondamental : celui d’être simplement soi.

“Aujourd’hui, je revendique le droit à la maladresse, à l’erreur, et même à la médiocrité. Parce qu’être soi, c’est déjà assez.”

Une phrase d’une puissance rare, qui invite à lâcher la pression et à repenser la notion même de réussite.


Une parole nécessaire

À travers ses mots, Nabil Bekhti ne cherche pas à donner des leçons.
Il met en lumière ce que beaucoup vivent en silence : la charge d’être “l’exception” dans un monde encore régi par les privilèges de naissance.
Son témoignage dépasse l’individuel. Il ouvre un espace de réflexion collective, sur la représentation, l’égalité réelle et le sens que nous donnons à la réussite.


“Un modèle enferme, une source d’inspiration libère.”
C’est peut-être là toute la philosophie que la diaspora devrait retenir :
ne pas chercher à correspondre, mais à exister pleinement, librement, ensemble.

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