🕯️ 17 octobre 1961 : quand la Seine s’est teintée du sang des Algériens

Le 17 octobre 1961, au cœur de Paris, des milliers d’Algériens sont descendus dans la rue pour réclamer justice, dignité et égalité. Ils n’avaient pas d’armes, seulement le courage d’exister dans un pays qui, à cette époque, les considérait encore comme des sujets coloniaux.
Cette nuit-là, la Seine a tout vu. Et soixante-quatre ans plus tard, elle en garde encore le silence des noyés.


⚖️ Un contexte colonial explosif

En 1961, l’Algérie est toujours sous domination française. Depuis 1954, la guerre d’indépendance fait rage. En métropole, des centaines de milliers d’Algériens vivent et travaillent dans des conditions précaires, souvent marginalisés et discriminés.

Le préfet de police de Paris, Maurice Papon, impose alors un couvre-feu visant uniquement les “Français musulmans d’Algérie” : interdiction de circuler après 20h30.
Face à cette mesure raciste, le Front de libération nationale (FLN) appelle à manifester pacifiquement, le 17 octobre 1961, pour dénoncer cette injustice.


đź’§ Une nuit de terreur

Près de 30 000 hommes, femmes et enfants sortent dans les rues de Paris, vêtus de leurs plus beaux habits, pour montrer au monde qu’ils ne sont ni des terroristes ni des criminels.
Mais la répression est brutale. La police, suivant les ordres de Papon, ouvre le feu, frappe, arrête, torture. Des centaines de manifestants sont jetés dans la Seine, leurs corps charriés par le courant sous les ponts de la capitale.

Les chiffres officiels de l’époque ne parlent que de quelques morts.
Pourtant, les historiens s’accordent aujourd’hui à dire qu’il y eut au moins une centaine de victimes, peut-être plus de 300 selon certaines estimations.

Sur les murs de Paris, un graffiti restera célèbre :

« Ici on noie les Algériens. »

Une phrase terrible, gravée dans la mémoire collective, symbole d’un crime d’État longtemps nié.


🤫 Le long silence de l’histoire

Pendant des décennies, la France officielle refuse de reconnaître ce massacre. Les archives sont verrouillées, les témoins réduits au silence, les familles laissées dans la douleur.
Il faudra attendre 1998 pour que le préfet de police reconnaisse la “répression sanglante”, et 2012 pour que le président François Hollande parle, pour la première fois, d’une “tragédie”.

Mais encore aujourd’hui, aucune reconnaissance pleine et entière n’a été faite.
Pas de cérémonie nationale, pas d’excuses officielles.
Seulement la mémoire tenace des descendants, des historiens, des associations, et de ceux qui refusent d’oublier.


🕊️ Pourquoi il faut se souvenir

Le 17 octobre 1961 n’est pas qu’un épisode de la guerre d’Algérie.
C’est un symbole universel de la lutte contre le racisme, la domination coloniale et l’oubli organisé.
C’est le rappel que la démocratie n’est jamais acquise, et que même au cœur de Paris, la République a pu trahir ses valeurs.

Se souvenir, ce n’est pas rouvrir des plaies.
C’est refuser que des êtres humains soient effacés de l’histoire parce qu’ils étaient étrangers, coloniaux ou simplement différents.


📖 Une mémoire à transmettre

Aujourd’hui, de plus en plus de voix s’élèvent pour inscrire le 17 octobre 1961 dans la conscience collective.
Des plaques commémoratives ont été posées, des documentaires et des œuvres artistiques ont vu le jour, et chaque année, des rassemblements ont lieu sur les quais de la Seine pour rendre hommage aux victimes.

Parce que la mémoire est une responsabilité partagée.
Et parce que sans mémoire, il n’y a ni justice ni réconciliation possibles.


🕯️ En hommage à celles et ceux qui, ce soir-là, ont payé de leur vie leur désir de liberté.

“L’eau de la Seine n’a jamais tout effacé.
Elle charrie encore les échos des voix qu’on a voulu faire taire.”

 

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